Dans les pires moments on se rend compte à quel point la force nous manque, combien les mots des autres pouvaient nous rendre omnipotent...Les mots me lacèrent l'âme, les heures passent et je prends peur de m'exclamer en vers. Je me sens de plus en plus comme une de ses feuilles mortes, je tombe froid mais pourtant si plein d'énergie. La chute est toujours longue, le bon passe rapidement alors que la douleur est automatiquement transformée en agonie. Si seulement je pouvais nourrir la terre maintenant que je suis tombé, si seulement de mes larmes des fleurs pouvaient pousser...certainement trop salées. J'entends l'apelle de la nature au fond de moi, ce crucial manque de mer, de forêts et de montagnes, j'en étouffe jours après jours. Le roulement de l'eau, les frissons qui parcourent la peau lorsqu'une fraîche pluie domine le ciel. J'en ai assez de me rattaché à l'optimisme, je suis simplement bien trop bas pour continuer à lutter, arrivé à ce stade il vaut mieux tout abandonner et tout lâcher en espérant vite remonter la pente. Le plus dur, c'est d'étouffer intérieurement car pour la première fois de ma vie, j'aurais préféré pleurer.
Dans la chute, ce qui me plait c'est les caresses du vent...pourtant il n'est point présent, tout comme le noir qui devrait m'envelopper. Aurais-je finalement un peu changer, au point de dissocier noir et désespoir ? Le noir c'est les étoiles, la lune et la neige, un monde de paix et de froid, tout n'est que blanc dans ce puit sans fond dans lequel je me suis consciemment jetté. D'un blanc aveuglant, d'une couleur ne laissant ressentir plus aucune émotion, j'ai peur, je cherche du jaune pour me rassurer, du bleu pour me consoler et du vert pour me faire oublier. Pour seul repas je souhaite l'odeur de l'herbe fraîchement coupé, pour seul encat, je me satisferais du parfum envoutant de la pluie.
Fixer le haut du puit et tomber dans l'inconnu, assez plaisant pour me faire sourire malgré la perte de contrôle qui me fait vasciller. Se dire qu'un alexandrin aura eu raison de soi, qu'à cause de notre relation avec le rythme on est en non-promotion...sans doute j'aurais mieux réussi avec l'examen des autres, avec le décasyllabe que j'idolâtre, la Vie m'a offert l'opportunité de me réconcilier avec l'Alexandrin, je ne l'ai fait et je paies les frais. A quoi bon se fâcher, l'ironie de la vie est si belle pour autant qu'on sait s'avouer echec et mat...Une semaine à tenir encore, d'ici là je me dois de survivre pour revenir Sonnet à la main (ou du moins l'Alexandrin).